Ce mardi 30 mars, le lycée a accueilli pour la troisième année un auteur dans le cadre des Leçons de Littérature, dispositif de la Région Île-de-France organisé et mis en œuvre par la Maison des Écrivains et de la Littérature . L’action en partenariat avec la médiathèque de la ville s’est déroulée cette année au lycée. 2 classes de premières ont pu rencontrer Pierric Bailly, venu leur parler de son métier d’écrivain.
Objectifs: désacraliser la littérature et l’écriture, montrer que tout le monde peut trouver un livre qu’il lui plaît et se lancer dans l’écriture.
Rapidement Pierric Bailly entame le dialogue avec les élèves, les interroge sur leur formation, leurs goûts musicaux, cinématographiques et littéraires. Puis il échange avec eux sur ce qu’est une histoire, le métier d’écrivain, la lecture et la littérature. Il parle de rap, de mangas, de cinéma avec le film « Validés » et de toutes ces cultures populaires qui influencent de nombreux écrivains aujourd’hui. Et bien sûr, de lecture, des mots et des livres dont beaucoup se sont éloignés.
Première leçon sur les mots avec lesquels les rappeurs jouent, réinventant et malaxant le vocabulaire. Chaque génération a son vocabulaire. Les mots ont aussi une géographie, on ne parle pas de la même façon à Paris, Marseille ou Nantes, dans une cité de Savigny ou dans un quartier pavillonnaire. Les mots ont leur histoire : des mots oubliés du patois, le langage populaire des paysans , réapparaissent. L’auteur prend l’exemple de « Daron » qui a aujourd’hui infiltré le langage des cités.
Il lit deux passages de livres aux élèves. « L’ Attrape-coeur » de J.-D. Sallinger dans lequel on retrouve une écriture assez proche de la façon de parler quand on est jeune. Puis « Fief » de David Lopez, un auteur trentenaire qui lorsqu’on lui demande ses influences cite le groupe de rap PNL.
Deuxième leçon : les écrivains et leurs façons d’écrire dont les élèves ont souvent une image décalé de la réalité. L’auteur évoque leur façon de s’adresser au lecteur, l’emploi de la première personne pour créer une proximité avec lui, le vocabulaire employé qui peut être proche du langage parlé. Le livre aussi comme lieu pour l’auteur pour raconter quelque chose de difficile. Il prend l’exemple des livres parus récemment écrits par des femmes qui racontent les violences subies. Il parle aussi de l’un de ses livres, « L’Homme des bois » où il a ressenti le besoin de raconter la mort de son père. Écrire peut faire du bien et permettre aussi au lecteur de mettre des mots sur les douleurs qu’il a en lui et qu’il n’arrive pas à sortir.
L’auteur évoque ensuite ses débuts dans l’écriture. Quand il était au lycée. Il racontait ce qui se passait en bien ou en mal dans sa vie. Ce n’était pas très intéressant dit-il mais il avait tout de suite senti qu’il y avait quelque chose qui lui plaisait dans l’écriture. Aujourd’hui, il vit de son métier d’écrivain mais cela n’a longtemps pas été le cas. Il a enchaîné les missions d’interim et travaillé à l’usine.
Il raconte comment écrire fait partie de sa vie et comment les idées viennent. L’écriture, c’est quelque chose qui vous obsède en permanence. Une histoire, ça s’écrit avec tout ce qu’on observe, tout ce qu’on vit, tout ce qu’on entend. Les idées viennent même quand on n’y pense pas. C’est pratique parce que le livre vous l’écrivez en prenant le bus, en mangeant, en prenant votre douche, en jouant au foot. Un écrivain c’est comme une éponge, c’est quelqu’un qui s’imprègne de ce qu’il y a autour de lui. Pour écrire, il faut beaucoup de matière. Quand on a assez de matière, on commence à écrire.
Il évoque aussi le métier d’éditeur, la difficulté d’en trouver un, le travail d’accompagnement de la publication à la commercialisation et la promotion du livre, la possibilité aujourd’hui de s’autoéditer.
Les élèves participent, posent des questions, évoquent leurs rêves : avoir de l’argent et partir en voyage aux Maldives, à Dubaï ou encore à New-York ; leurs réticences face à la lecture : « les romans, c’est trop gros » ; l’écriture : l’un d’entre eux écrit des textes de rap.
Dernière leçon proposée par Pierric Bailly, écrire, c’est pour tout le monde. Beaucoup de gens disent qu’ils n’osent pas écrire, qu’ils ne sentent pas autorisés à écrire, il ne faut pas hésiter à se lancer.
Une belle leçon de littérature.